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Témoignage - Raymond

Je tiens à partager certains aspects de ma démarche entamée il y a 15 ans. Elle a ceci de particulier que j'ai décidé très tôt d'approcher ma famille biologique élargie afin de ramasser le plus de morceaux possibles du puzzle que représente les premières années d'un adopté. Je vous partage celle-ci afin de démystifier une approche vers la famille élargie. L'environnement d'une personne reflète son âme (ce qui l'anime, la motive), son essence, et en ayant accès à la famille élargie, on a accès à l'environnement qui étaient le sien, à son histoire, et ainsi la personne prends littéralement vie! Je m'appuie en ce sens sur Aristote, et à sa suite les scolastiques.

 

Mais avant de débuter, je dois faire une introduction sur les fondements de ma démarche qui implique la possible divulgation du" secret". Une valeur authentique et vraie a comme caractéristique d'être universelle et de perdurer dans le temps. La raison fondamentale pour laquelle nous avons aujourd'hui accès a une part de notre vie d'adopté, c'est justement qu’en général, ce qui soutenait et justifiait l'adoption dans les 70 premières années du XXe siècle, était basé sur un mensonge qui devait et a fini éventuellement par s'effondrer. Il s'agissait en général d'égo, d'apparaître immaculé, autant pour les individus que pour les familles. Bien sûr des raisons économiques pouvaient justifier les placements secrets des enfants, mais la préservation des apparences primait. Le paraître donc plutôt que l'être .Le tout était évidemment établi, arrangé, cautionné et sanctionné par l'Église. La pression sur les gens était énorme et on ne peut les juger négativement à cet effet. Toutefois, même si on a tendance à dire que l'on ne peut évaluer une époque de par les valeurs de notre époque; il est vrai d'affirmer que des valeurs qui se tiennent sont à l'épreuve du temps et ne fluctuent pas selon les modes et les tendances. C'est ainsi que l'honnêteté, la franchise et la vérité vaudront essentiellement toujours plus que le mensonge. Encore une fois, comprenez-moi bien, Il ne s'agit pas de juger celles et ceux qui étaient embrigadés malgré elles/ eux dans les dynamiques d'une époque. Il s'agit plutôt de ne pas être complaisant avec l'époque et l'institution religieuse qui la façonnait, afin de ne pas perpétuer des manières et des attitudes fausses qui ne pouvaient et ne peuvent plus perdurer. Pour ma part, je ne pouvais tout simplement pas être complice de ce mensonge, aussi honorables a-t-il pu avoir l'air à l'époque. Je tiens aussi à préciser que je ne m'affiche pas en adversaire des démarches contraires à la mienne visant à épargner les siens de secrets douloureux. Chacun(e) y va de par ses convictions. Ainsi vos commentaires respectueux et civilisés, mêmes d'avis contraire, seront les bienvenus.

 

C'est ainsi que j'ai décidé d'adopter dans ma démarche une attitude qui ne serait pas paternaliste, et serait basée sur la franchise et l'honnêteté, afin de ne pas me faire le complice d'un mensonge. Toutefois, je dois préciser que tout au long de ma démarche j'ai fait usage d'une extrême délicatesse, d'humilité, et d'énormément de doigté, ce qui m'a été fort utile. Cela m'a valu, la plupart du temps, un accueil humain, chaleureux, au pire...courtois. En général, les gens adultes matures, accomplis et responsables sont capables d'assumer leurs émotions, leurs gestes et de s'ajuster aux changements et révélations les plus spectaculaires. J'ai aussi la conviction que c'est en affrontant ses blessures que l'on peut mieux se comprendre et s'accepter et non pas en se cachant. En d'autres mots, il faut faire confiance aux gens. Ceux à l'autre bout du fil ont toujours le choix de dire non, ce qui m'est arrivé très très rarement.

 

Les détails que j'ai pu amasser sur ma mère, entre autres, ont dépassé tout ce que les antécédents sociobiologiques ont pu me fournir. Ils m'ont permis de voir les traits de caractère qu'on m'avait relatés sur ma mère, chez mes filles. Des "patterns" familiaux ont aussi été révélés. En somme, les informations recueillies lui ont redonné vie, car cette personne n'était pas que ma mère, elle avait une histoire. Tout ça n'aurait pu être possible sans un contact avec la famille élargie.

 

J'ai aussi aidé des personnes à retrouver leurs origines et histoires par le truchement de leurs familles élargie, allant jusqu'à rejoindre une océanographe de Nouvelle-Zélande dont j'avais trouvé le nom dans de vieux journaux, tante de la personne que j'aidais. L'autre personne que j'ai aidé est décédée peu de temps après avoir pu voir son père et sa mère dans leur prime jeunesse, sur des photos fournies par un cousin, dépositaire du secret familial . Quoique surpris par mon appel, le chat est sorti du sac et il a rencontré son cousin malade et sa conjointe quelques mois avant sa mort.

 

Mon histoire...

 

Je suis un adopté, fils d'une femme elle-même adoptée. J'ai eu la chance que mon nom de famille à la naissance sur mes antécédents sociobiologiques, soit celui de ma mère. Comme elle est décédée à 34 ans, une « Colombo » extraordinaire, vraie légende chez les adopté(e)s, a pu trouver une femme portant ce nom et décédée au même âge. J'ai ensuite pu faire un parcours au cimetière à la tombe familiale où j'ai trouvé les noms d'oncles et tantes. J'ai ensuite pu faire des recherches sur le site "Mes aïeux" et trouver des cousins. Par chance, le premier cousin que j'ai appelé était aussi celui avec qui elle était le plus proche. Dès qu'il a entendu le nom de ma mère, il a prêté attention et a confirmé qu'elle était adoptée comme le mentionnaient mes antécédents sociobiologiques. Ce cousin, un homme dans la soixante-dizaine avancée a été d'une extrême gentillesse et est venu d'une distance de 2 heures de voiture me porter une photo de ma mère ! Nous sommes demeurés amis depuis.

 

Évidemment j'ai eu droits à quelques souvenirs et anecdotes qui m'ont été très précieux dans mes recherches.

 

Ma mère était le mouton noir de sa famille et n'était pas appréciée de toutes et tous. Ainsi, je n'ai pas été reçu avec enthousiasme par un autre de ses cousins. Toutefois j'ai pu recueillir des informations très utiles sur son caractère. De plus, ce cousin a eu la gentillesse de me donner une magnifique photo de ma mère à l'âge de 20 ans. Cette photo m'a permis de reconnaître ma mère sur une photo d'archives de l'époque des cabarets à Montréal dans La Presse. Elle s'y trouve dans une loge du cabaret La Casaloma. Cette photo se trouve dans de nombreux livres sur l'époque. C'est celle que vous pouvez voir un peu plus bas à la fin de mon texte. Ma mère est la brune souriante en avant de la photo qui casse le poignet sur son dossier de chaise. Je n'aurais jamais su que ma mère avait fait du cabaret, n'eût été de la photo du cousin de ma mère.

 

Mes conversations avec les cousins de ma mère m'ont aussi permis de découvrir l'identité de sa mère biologique. En effet, ma grand-mère avait donné sa fille à l'un de ses cousins. Des recherches généalogiques m'ont permis de retrouver une nièce de ma grand-mère, qui avait plus de 80 ans au moment où je l'ai contactée. C'était la nièce préférée de ma grand-mère chez qui elle passait ses étés. Elle connaissait ma mère, car ma grand-mère l'amenait visiter sa fille biologique. Cette nièce n'était pas au courant du secret familial, quoique ses frères le savaient. Elle fut donc surprise et même un peu déçue que sa tante ne lui ait pas révélé son secret, mais elle fut d'une extrême générosité. Je dois préciser qu'elle n'aimait pas beaucoup ma mère qui était très fantasque. Toutefois elle m'invita à quelques reprises chez elle et me donna des photos magnifiques de ma grand-mère qui était mannequin dans les grands magasins de Montréal. La photo couleur de la jeune femme souriante est celle de ma grand-mère dans les années 20. Nous sommes devenus des amis et j'ai même une photo de famille de 1910 de la famille bourgeoise de mon arrière-grand-père qui s'est marié avec la cousine de Sir Wilfrid Laurier. C'est la photo familiale que vous pouvez voir plus bas. Ma grand-mère est la grande fille au centre en arrière. Encore une fois, pas d'approche de la cousine, pas d'information sur ma grand-mère et sa famille....

 

J'ai trouvé, avec l'aide de ma géniale « Colombo », l'identité de mon père allégué, dans un journal d'Ottawa 1968. J'ai pu retrouver ses enfants adultes avec des recherches généalogiques. J'ai aussi pu avoir le rapport du coroner confirmant la nature de son décès qui m'avait été fournie par les centres jeunesse. Le problème, c'est que ses enfants, qui avaient, pour de très bonnes raisons, coupés les ponts avec lui, ne savaient pas qu'il était décédé, ni la nature du décès. Je suis celui qui les en ai informé. Ils m'ont accueilli avec l'enthousiasme d'avoir trouvé un jeune frère. Ils ont aussi passé des test d'ADN coûteux, lesquels malheureusement ont révélé que l'homme allégué n'était pas mon père biologique. Il avait pourtant passé 10 ans de sa vie avec ma mère. Nous sommes demeurés amis et je viens d'apprendre que nous aurions peut-être un frère en commun placé en adoption dont le nom nous sera révélé à partir de juin 2024.

 

Je le répète encore une fois : « l'environnement d'une personne reflète son âme, sa manière d'être. » Voilà pourquoi j'encourage quiconque en accord avec cette démarche de ratisser large. L'histoire du parent en sera proportionnellement bonifiée et de plus en plus vivante.

 

Veuillez accepter mes souhaits sincères de santé, de bonheur et de découvertes fantastiques pour 2024.

 

 

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